Vue du Musée de l’Homme depuis la Tour Eiffel
Remise de prix

Remise du Prix ENGIE « Talents de la recherche au Musée de l’Homme »

Le Prix Fondation d’entreprise ENGIE « Talents de la recherche au Musée de l’Homme » est remis à deux équipes de chercheurs du département Homme et Environnement du Muséum national d'Histoire naturelle.

Les deux équipes lauréates sont :

  • Anne Fournier et Manuel Valentin pour leur projet « Vivre la perte de biodiversité végétale au Burkina Faso » (VEGEFASO)
  • Vincent Lebreton et Sahbi Jaouadi pour leur projet « Résiliences climatiques et territoriales des sociétés dans les régions semi-arides et arides de la Tunisie depuis le Néolithique » (RESIST)

Nouveau Prix, ouvert aux chercheurs du Muséum national d’Histoire naturelle, le Prix Fondation d’entreprise ENGIE « Talents de la recherche au Musée de l’Homme » permet d’attribuer une bourse annuelle à un chercheur travaillant sur des thématiques en lien avec le Musée de l’Homme. L’objectif est d’impulser des projets interdisciplinaires innovants et une dynamique collaborative de recherche autour de la thématique suivante : « Résilience des sociétés face aux changements climatiques présents et passés ».

Allouée chaque année pendant trois ans, cette bourse de recherche sera attribuée par un jury composé de scientifiques du MNHN, de représentants de la Fondation ENGIE et de personnalités extérieures. Le chercheur lauréat du Prix s’engage à participer à la diffusion de son projet de recherche auprès du grand public, par exemple sous la forme de conférences, de publications ou de présentation au sein du Balcon des sciences du Musée de l’Homme. Grand mécène du Muséum national d'Histoire naturelle depuis plus de dix ans et Mécène Fondateur du Musée de l’Homme depuis 2015, la Fondation ENGIE a souhaité poursuivre son engagement en soutenant les « Talents de la recherche au Musée de l’Homme ».

Prix Fondation d‘entreprise Engie Talents de la recherche au Musée de l‘Homme 22 mai 18

Prix Fondation d‘entreprise Engie Talents de la recherche au Musée de l‘Homme 22 mai 18

© MNHN - J.-C. Domenech

Le projet RESIST

Résiliences climatiques et territoriales des sociétés dans les régions semi-arides et arides de la Tunisie depuis le Néolithique (RÉSIST) Le projet RÉSIST vise à documenter la résilience des populations présentes dans les régions arides et semi-arides tunisiennes au cours des dix derniers millénaires. Il permettra d’identifier les épisodes de changements climatiques rapides, de caractériser les effets du changement climatique actuel et les dégradations des ressources environnementales associées et d’étudier les réponses socioculturelles de ces populations aux contraintes environnementales. Les steppes de la Tunisie centrale sont des milieux très vulnérables aux variations de l’aridité et à l'impact croissant des activités humaines. De nombreux vestiges archéologiques témoignent d’une présence humaine pérenne dans ces paysages steppiques depuis le Néolithique, avec des modes d’occupation du territoire, de productions économiques et d’organisation sociale et culturelle variables selon que les sociétés sont nomades, semi-nomades ou sédentaires. Ces comportements révèlent une adaptation pluriséculaire et une forte capacité de résilience des sociétés face aux aléas climatiques. Cependant, les importants changements socio-économiques survenus en Tunisie au XXe siècle ont accentué la dégradation des ressources environnementales et constituent une menace majeure pour les modes traditionnels d’exploitation des terroirs. L’approche pluridisciplinaire de l’étude croise les données historiques et archéologiques avec les archives paléoenvironnementales et paléoclimatiques dans ces milieux arides. Le projet pourra ainsi mettre en évidence la diversité de ces systèmes sociaux-écologiques et des formes d’adaptation des populations sur le long terme (effondrement, réorganisation spatiale, changements économiques et culturels, accroissement de la complexité sociale ou politique…). RÉSIST met en avant une approche naturaliste des sciences humaines et sociales pour aborder sur le long terme (les 10 derniers millénaires) les défis sociétaux posés par la désertification et la gestion durable des ressources en Tunisie centrale. Porteurs du projet : Chercheurs du département Homme et environnement UMR 7194 - Histoire naturelle de l'Homme préhistorique (MNHN-UPVD-CNRS)

  • Sahbi Jaouadi est attaché temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) au MNHN. Archéologue et palynologue, ses recherches portent sur la reconstitution des environnements, des climats et des interactions sociétés/environnements durant l’Holocène en Afrique du Nord. Dans une perspective pluridisciplinaire alliant l’étude des biomarqueurs et des séquences sédimentaires à l’archéologie et l’histoire, ses recherches abordent les questions actuelles de changements climatiques et les défis qui leurs sont inhérents. Inscrites dans le temps long, ses études répondent aux problématiques actuelles de dégradation des ressources naturelles, de désertification et de développement durable dans les steppes et les marges désertiques de l’Afrique du Nord.
     
  • Vincent Lebreton est maître de conférences au MNHN. Intégrant une approche pluridisciplinaire, ses recherches s’appuient sur l’analyse pollinique pour étudier l’environnement végétal de l’homme préhistorique et les relations hommes/milieux en Europe tempérée et sur le pourtour ouest méditerranéen au cours des 2,6 derniers millions d’années. Ses travaux de recherche sur les environnements et climats du passé apportent un regard naturaliste à la compréhension des modalités d’occupation du territoire et des comportements de subsistance des sociétés humaines au cours de la préhistoire et des périodes historiques, en Eurasie et en Afrique du Nord.
     

Autres chercheurs participant au projet : Jean-François Berger, Environnement Ville Sociétés - UMR 5600 CNRS / Abdelkarim Boujelben, Laboratoire CGMED - SERST, LABST04 - Univ. Tunis, / Nabiha Aouadi, Institut National du Patrimoine, Tunis.

Remise du Prix Engie, Vincent Lebreton et Sahbi Jaouadi pour leur projet « Résiliences climatiques et territoriales des sociétés dans les régions semi-arides et arides de la Tunisie depuis le Néolithique »

Remise du Prix Engie, Vincent Lebreton et Sahbi Jaouadi pour leur projet « Résiliences climatiques et territoriales des sociétés dans les régions semi-arides et arides de la Tunisie depuis le Néolithique » © MNHN - JC-Domenech

© MNHN - J.-C. Domenech

Le projet VEGEFASO

Le projet « Vivre la perte de la biodiversité végétale au Burkina Faso » (VEGEFASO) propose d’étudier les conséquences culturelles de la perte en biodiversité végétale de ces 50 dernières années au Burkina Faso. Il examinera les stratégies d'adaptation de deux sociétés à rituel masqué : les Bwaba de la région de Bondoukuy et chez les Sèmè de la région d’Orodara. Cette étude pourra ainsi montrer comment les nécessités cultuelles peuvent influer sur les processus de résilience face aux conséquences du changement climatique. Depuis les graves sécheresses climatiques des années 1970 et l’extension des zones cultivées sous la pression de « réfugiés climatiques » venus du nord, les paysages des savanes du centre et de l’ouest du Burkina Faso se transforment. De nombreuses plantes se raréfient ou disparaissent. Or elles sont, pour de nombreuses sociétés (Bwaba, Dafing, Sèmè…), des supports très importants de leur culture. Elles servent à confectionner leurs masques : faces de bois, vêtements de fibres et accessoires. Par exemple, les masques les plus sacrés des Bwaba sont presque entièrement constitués de feuilles d’Isoberlinia doka, arbre en voie de disparition. Indispensables lors des initiations masculines, les masques constituent un patrimoine identitaire. Certaines associations les investissent aujourd'hui comme « ambassadeurs » des cultures locales. Les gardiens des traditions recherchent des solutions pour faire face à la disparition des espèces végétales à usage cultuel. Des consensus s’établissent à l’échelle locale pour la mise en place de mesures de protection d’espaces naturels spécifiques et de reboisement pour certaines des espèces sauvages. À ce titre, le Burkina Faso peut être un laboratoire précurseur de la capacité pour démontrer la capacité de résilience des sociétés dites traditionnelles. Porteurs du projet : Chercheurs du département Homme et environnement UMR 208 Patrimoines Locaux et gouvernance (IRD/MNHN).

  • Anne Fournier est chargée de recherche au Département Homme et Environnement du MNHN. Elle est entrée à l’IRD en 1983. Sur le terrain et selon les méthodes de l’écologie quantitative, elle a étudié les savanes naturelles d’Afrique de l’Ouest, la variation de leur fonctionnement sur un gradient de climat, puis leur transformation sous l’effet des activités agricoles. Elle s’est ensuite penchée sur la question de la conservation de la biodiversité dans l’unité de recherche de l’IRD « Aires protégées en Afrique de l’Ouest » qu’elle a créée puis dirigée. Convaincue de la nécessité de bien connaître les sociétés qui vivent dans ces régions, elle a rejoint l’UMR Patrimoines locaux et gouvernance en 2008. C’est avec les méthodes de l'ethnologie qu’elle étudie maintenant les usages rituels des plantes et milieux végétaux chez les Bwaba et les Sèmè du Burkina Faso.
     
  • Manuel Valentin est maître de conférences au département Homme et Environnement du MNHN. Anthropologue des objets matériels et historien des arts africains, il a d’abord été responsable des collections d’Afrique subsahariennes au Musée de l’Homme où il a été commissaire de plusieurs expositions, avant de rejoindre en 2007 l’UMR 208. Ses recherches se concentrent sur les objets matériels en tant que porteurs de pratiques culturelles et d’expression identitaires. Il revisite ainsi le rôle de la couleur dans les environnements socio-culturels africains tout en menant une vaste étude sur la bouteille d’eau à travers le monde.
Remise du Prix Engie, Anne Fournier et Manuel Valentin pour leur projet vivre la perte de biodiversité végétale au Burkina Faso

Remise du Prix Engie, Anne Fournier et Manuel Valentin pour leur projet vivre la perte de biodiversité végétale au Burkina Faso

© MNHN - J.-C. Domenech

Le département scientifique Homme et Environnement

Le département Homme et Environnement est l'un des 3 départements scientifiques du MNHN. Il couvre l’ensemble du champ sciences humaines et sociales du MNHN ainsi que ce qui touche à la gestion de la biodiversité. Il assure une interface entre sciences sociales et écologie, qui interroge notamment les évolutions des anthropoécosystèmes. Les thématiques abordées concernent la diversité biologique et son rôle dans les écosystèmes actuels ou passés en lien avec les activités et les cultures humaines, l’évolution de l’Homme, la construction des savoirs naturalistes et les politiques de gestion de l’environnement. Les chercheurs de ce département travaillent sur le site du Musée de l'Homme et sur celui du Jardin des Plantes.

Le Département « Homme et environnement » est composé des unités suivantes :

  • UMR 7209 Archéozoologie, archéobotanique : sociétés, pratiques et environnements
  • UMR 8560 Centre Alexandre Koyré Histoire des Sciences et des Techniques
  • UMR 7204 Centre des sciences de la conservation
  • UMR 7206 Éco-anthropologie et ethnobiologie
  • UMR 7194 Histoire naturelle de l’homme préhistorique
  • UMR 208 Patrimoines locaux et gouvernance