Buste

Buste de Sabr-Ganil

Ce buste est un moulage de Sabr-Ganil, une jeune femme originaire du Darfour. Elle faisait partie d’un groupe exhibé au Jardin d’acclimatation en février 1891. Il s’agissait plus vraisemblablement d'individus provenant d’une région voisine de Dahomey, qui ont été revêtus d'habits propres au dahoméens.

À la fin du XIXe siècle, l’exhibition d’humains dans les grandes capitales d’Europe a constitué des spectacles populaires de masse. L’exemple le plus parlant est l’Exposition universelle à Paris en 1889 où 400 Africains ont été exposés dans le « village nègre » qui a attiré 28 millions de spectateurs. À une époque où l’existence de race était admise scientifiquement et dans un contexte coloniale, on exhibait des individus considérés comme des « sauvages ». Sénégalais, Nubiens, Daho­méens, Égyptiens, Lapons, Amérin­diens, Coréens… ces peuples dits « exotiques » ont été ainsi présentés dans un environ­nement évoquant leurs pays, souvent dans des costumes de pacotille et aux côtés de bêtes sauvages.

Buste de Sabr-Ganil.

Buste de Sabr-Ganil au Musée de l’Homme

© MNHN - J.-C. Domenech

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Au milieu du XIXe siècle, la technique du moulage sera utilisée au cours des grandes expéditions scientifiques et lors de la venue ou de l’exhibition d’étrangers en Europe. Il s’agissait essentiellement de constituer un répertoire comparatif des groupes humains et de présenter au public des visages qu’il ne pouvait connaître autrement. (Toutefois, on y trouve également quelques représentants des populations européennes.)

Pierre-Marie Dumoutier (1797-1871), par exemple, rapporta plus de 500 moulages de l’expédition de l’Astrolabe dans les mers du Sud. En tout, ce sont plus de 1 200 moulages ethnographiques qui sont conservés au Musée de l’Homme, provenant de différentes expéditions ou d’échanges avec d’autres institutions scientifiques comme la Smithsonian Institution de Washington.