Né à Belgrade en 1951, Enki Bilal lui-même s’est construit en se jouant des frontières. Artiste protéiforme à la fois dessinateur, auteur, réalisateur, peintre, écrivain, décorateur, il brouille les pistes pour mieux créer, en marge de toute classification. Son univers minéral, éclairé de lumières zénithales souvent crues, donne une place prépondérante à l’humain. Un humain certes défié, abîmé dans sa chair, augmenté dans son corps, en quête d’un ailleurs meilleur, mais avant tout un humain. Un être qui doute, qui souffre, qui aime.
Pour réaliser ses bandes dessinées, Enki Bilal n’exécute pas directement des planches, mais dessine des cases en grand format une à une, avant de les assembler. L’exposition permet d’admirer une trentaine de ces œuvres originales, dont des inédits de la série Bug, ainsi que des tableaux et des reproductions. Organisée en six thèmes, elle permet d’entrer dans son univers à la découverte des « hybrimutantech », des « immortalistes » ou des « mécanhumanimaux », évoluant dans un monde fragile et incertain. Ce peintre de l’imaginaire, qui est aussi un amoureux des mots, présente au Musée de l’Homme un magnifique contrepoint, nécessaire et poétique, à l’exposition Aux frontières de l’humain.
Noémie Verstraete est la commissaire de l'exposition Enki Bilal au Musée de l'Homme.