Buste

Buste de Se-Non-Ty-Yah

Ce buste est celui de Se-Non-Ty-Yah (littéralement « Les pieds ampoulés »), chef ioway de 60 ans, médecin et sorcier. moulé dans l’atelier de moulage du Muséum national d’Histoire naturelle au XIXe siècle.

Se-Non-Ty-Yahfaisait partie d’un groupe d’Indiens Ioways venu en Europe pour participer aux mises en scène des galeries indiennes du peintre américain Georges Catlin (1796-1812). Soucieux de partager son attrait pour la culture amérindienne, Georges Catlin engageait des Indiens pour danser et chanter au milieu de ses toiles. Ces tableaux vivants ont fait le succès de la salle Valentino à Paris où l’élite intellectuelle s’est pressée : Charles Baudelaire, Eugène Delacroix, Victor Hugo, Georges Sand… L’image du noble sauvage s’est ainsi propagée en Europe.

De sa visite de la galerie indienne, Georges Sand a écrit un long article dans Le Diable à Paris, intitulé « Relation d'un voyage chez les sauvages à Paris ». Elle y décrit Se-Non-Ty-Yah comme étant haut de cinq pieds six pouces, âgé de 60 ans et « docteur-sorcier » du groupe. Il est à la fois « médecin, magicien, jongleur, poète, devin et quelque peu orateur ». Il porte sur lui un collier de graines sacrés et un doigt humain séché pour le protéger contre le mauvais oeil. « En tant que médecin et sorcier de la troupe, il jouit d'un grand crédit dans sa nation, par cela qu'il soigne les malades, comme docteur, et, en même temps, s'adonne à des mystères et des charmes de diverses natures ».

« Pendant la traversée de l'Atlantique, (il) eut l'occasion de déployer sa science nécromantique. (...) Le paquebot qui transportait les Ioways fut arrêté pendant plusieurs jours dans un calme plat. Le chef ordonna alors au sorcier de mettre en oeuvre sa puissance magique pour faire lever les vents. Le sorcier accompli toutes les cérémonies en usages dans son pays et fit diverses incantations à l'esprit du vent et à celui de l'océan, il sacrifia quelques poignées de tabac qu'il jeta dans la mer. Peu de temps après un bonne brise se mit à soufller, les voiles s'enflèrent et le navire reprit sa marche au grand amusement des passagers ».

« (Il) est agréable et fin, suivant toutes nos idées sur la physiognomonie. Quoiqu'il ait soixante ans, ses bras sont encore d'une rondeur et d'une beauté dignes de la statuaire grecque, et son buste est le mieux modelé de tous. Son agilité et son entrain à la danse attestent une organisation d'élite. Une si verte vieillesse donne quelque regret de n'être pas sauvage, et, lorsque, parmi les spectateurs, on voit tant d'êtres plus jeunes, goutteux ou obèses, on se demande quels sont ceux qu'on montre, des sauvages de Paris ou de ceux du Missouri, comme objets d'étonnement ».

Buste de Se-Non-Ty-Yah

Buste de Se-Non-Ty-Yah au Musée de l’Homme

© MNHN - J.-C. Domenech