Comment prouver un métissage entre sapiens et Néandertal ?

Homo sapiens et Néandertal se sont métissés en Europe il y a quelques dizaines de milliers d’années. Si les observations anatomiques le laissaient penser, les techniques de séquençage du génome l’ont ensuite garanti.

Le matériel génétique comme preuve irréfutable

Avant que ne soient mises au point les techniques de séquençage du génome, les paléoanthropologues avaient suggéré en comparant des crânes d’hommes, que Néandertal et Homo sapiens avaient pu se métisser. Une mâchoire retrouvée dans une grotte en Roumanie notamment montrait à la fois des caractères spécifiques de l’Homme moderne et de Néandertal. Mais ces découvertes ne faisaient pas l’unanimité, et ne permettaient pas avec certitude de conclure à l’existence de métis entre ces deux espèces d’hommes. C’est grâce aux techniques d’analyse du matériel génétique que les preuves de métissage sont devenues irréfutables.

La première séquence complète du génome de l’Homme moderne, Homo sapiens, a été terminée en 2002. Il a fallu quelques années supplémentaires pour obtenir des données génomiques pour plusieurs Homo sapiens de populations différentes et c’est seulement en 2014 que le génome complet de l’Homme de Néandertal a été séquencé. S’il n’a pas été difficile de trouver des Hommes modernes à analyser, l’étude du génome de Néandertal n’a été rendue possible que grâce à la découverte d’ossements exceptionnellement bien préservés.

La rencontre entre Néandertal et Homo sapiens

Illustration de Benoît Clarys représentant la rencontre entre Néandertal et sapiens - Nouvelle rencontre (2014). Aquarelle et crayon, réalisé pour la Cité de la Préhistoire, Grand site d’Aven D’Orgnac.

© B. Clarys

Comparer ces génomes a exigé de faire appel à des techniques de séquençage génétique de dernière génération et des tests statistiques de génétique de population ont été développés spécifiquement pour étudier cette question.

Les généticiens en ont conclu qu’on retrouve dans le génome d’un européen, d’un asiatique, d’un mélanésien ou d’un amérindien des portions d’ADN (de 1,5-2 % du génome) plus proches du génome de Néandertal que du génome d’un homme africain ; preuve qu’un métissage a bel et bien eu lieu entre Néandertal et les premiers Hommes modernes sortis d’Afrique. Il semblerait néanmoins que ces métissages soient restés assez rares.
 

Article rédigé en 2015. Céline Bon, Maître de Conférences au Muséum d’histoire naturelle (UMR 7206, Éco-anthropologie)

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