Définition

Qu’est-ce qu’une espèce ?

Une espèce désigne un segment de généalogie unifié, isolé des autres flux du point de vue reproductif. Il faut donc plus qu’une simple ressemblance ou une capacité reproductive pour pouvoir parler d’une espèce. Guillaume Lecointre, systématicien et professeur au Muséum national d’Histoire naturelle, nous explique la notion de « segment généalogique ».

Une définition incomplète de l'espèce

En cours de sciences à l’école, on nous apprend qu’une espèce est un groupe d’individus qui se ressemblent et qui sont capables de produire ensemble de la descendance fertile. Ce n’est pas faux, mais c’est incomplet.

En effet, cette « définition » de l’espèce n’en est pas une. Ce sont en réalité deux critères de reconnaissance. On reconnaît que deux individus, ici et maintenant, font partie de la même espèce s’ils se ressemblent (sur le plan anatomique et/ou génétique) et s’ils font de la descendance fertile. Cela ne fait pas une définition de ce qu’est l’espèce.

Pour une véritable définition, il ne faut pas rester coincés dans le présent, mais adopter mentalement la profondeur du temps. Si des individus sont capables de faire de la descendance fertile, c’est qu’ils font partie du même flux généalogique.

Le couple de jaguars, Aramis et Simara.

Le couple de jaguars

© MNHN - F.-G. Grandin

Alors, qu'est-ce qu'une espèce ?

Une espèce, c’est un nom qu’on va poser sur un segment de généalogie unifié. Unifié, c’est-à-dire qu’il n’est pas divisé, et qu’il est isolé reproductivement des autres flux.

Si ce segment de généalogie venait à se diviser, à la longue les deux branches filles finiraient par ne plus pouvoir se reproduire entre elles. À partir de ce moment-là, par convention nous devrions leur donner à chacune un nouveau nom d’espèce.

En somme, une espèce est un segment généalogique unitaire. Les noms que nous posons sur les êtres vivants (Felis catus, Canis lupus, Homo sapiens) sont des hypothèses de morceaux de généalogie cohérents.

Qu'est-ce qu'un nom binominal ? 

En sciences, chaque espèce possède un nom "binominal", c'est-à-dire qu'on utilise une combinaison de deux mots pour désigner un taxon en-dessous du genre. Pour chaque nom il y a donc deux mots : le premier est le genre, il s'écrit avec une majuscule, tandis que le second est l'espèce spécifique, en minuscules. On trouve par exemple : Homo sapiens, Choloepus didactylus (un paresseux), Acinonyx jubatus (un guépard) ou encore Dahlia imperialis (le dahlia impérial), ce sont les "noms scientifiques" de chaque espèce.

Ces combinaisons, inventées au XVIIe siècle par Linné, sont en latin pour être universelles. Elles sont traduites dans nos langues pour donner un nom vernaculaire à chaque espèce. 

Avant d'adopter ce système, les espèces étaient décrites par une phrase en latin assez courte, très différentes selon le scientifique et donc imprécises. 

Les Hommes naissent dans un buisson ! Sujet 1.1 : Classer les espèces, un jeu plein d’esprit

© Orange, Muséum national d’Histoire naturelle
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