Définition

Qu’est-ce que l’art rupestre ? Et l’art pariétal ?

La découverte d’une nouvelle œuvre réalisée par les humains préhistoriques est toujours un évènement. Mais, rupestre ou pariétal, les néophytes peinent parfois à qualifier l’art mis au jour…

L'art des parois

Aux côtés de l’art mobilier – cet art qui peut s’emporter avec soi et qui désigne les parures, les gravures et peintures sur la pierre, le bois ou l’os –, il existe un art qui a choisi la roche pour toile de fond. Peinture, dessin, gravure ou sculpture… les représentations situées au cœur des grottes ou dans les abris sous roche sont regroupées sous le terme d’art pariétal (du latin scientifique paries-etis, « mur, muraille »). Mais d’autres ont été réalisées en extérieur, sur des supports monumentaux – rochers imposants, flancs de montagne, ou encore à même le sol sur des surfaces dures – souvent situés au cœur de paysages spectaculaires. Cet art est qualifié de rupestre (du latin scientifique rupestris, « paroi de rocher »). 

Les scientifiques estiment, qu’à l’échelle de la planète, cet « art des rochers » a peut-être été plus fréquent que « l’art des cavernes » mais l’exposition de ces œuvres en plein air, au soleil et aux intempéries, les a soumises à rude épreuve et le temps en a probablement effacé la majorité. 

Baleine gravée sur un rocher en Corée du Sud

Baleine gravee sur la falaise de Bangudae (Corée du Sud). Neolithique. 

© J.-L. Le Quellec

Un choix réfléchi

Deux chevaux ponctués peints en noir sur un rocher

Les Chevaux ponctués, Grotte du Pech Merle (Cabrerets, Lot), photo P. Cabrol

© Centre de préhistoire du Pech Merle

L’art pariétal porte une attention toute particulière à la forme de la paroi qui l’accueille. Comme pour les matières premières nécessaires à la fabrication des couleurs et à celle des pinceaux et autres outils, les artistes préhistoriques mettent à profit leur environnement dont ils sont fins connaisseurs. Ainsi, face à la paroi, ils jouent avec les creux, les bosses, et savent tirer parti du moindre relief pour valoriser leurs créations, comme à Pech-Merle (Lot) où un cheval bénéficie d’une découpe naturelle de la paroi pour se parer de deux têtes, et provoquer ainsi un effet de « trompe-l’œil ».


De l’entrée d’un abri jusqu’aux tréfonds d’une grotte, leurs œuvres se situent dans des espaces plus ou moins accessibles. Certaines ne s’atteignent même qu’au prix d’un parcours malaisé dans des boyaux étroits et après le passage d’autres obstacles. Peut-être pour dissimuler le message qu’elles contiennent aux non-initiés…

Des emplacements stratégiques

L’art rupestre ne se trouve pas non plus n’importe où. Parfois situé au cœur de lieux habités et exploités par les humains, il peut aussi être placé à des carrefours stratégiques ou bien sur des escarpements qui le rendent visible de loin, comme dans la région de Huashan, en Chine, où les peintures sont visibles depuis la rivière et illustrent la volonté de faire passer un message. Peut-être ici de marquer la propriété des voies de navigation ? C’est l’hypothèse de certains chercheurs.

Pas si simple...

Pariétal à l’intérieur, rupestre à l’extérieur… Oui. Mais il faut aussi savoir que les spécialistes n’utilisent ce distinguo que pour la période du Pleistocène, jusqu’à 12 000 ans avant le présent. À la condition d’être monumentales, les productions artistiques plus récentes sont toutes qualifiées de rupestres.

Article rédigé en février 2023. Remerciements à Eric Robert, préhistorien et maître de conférences (UMR HNHP - NOMADE du Muséum national d'Histoire naturelle), pour sa relecture.

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