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Quand les humains ont-ils quitté l’Afrique et pourquoi ?
Il y a plus de deux millions d’années, les premiers représentants du genre Homo sortent d’Afrique. Pour Homo sapiens, c’était entre 150 000 et 100 000 ans. Qu’est-ce qui a poussé nos ancêtres à sortir de ce continent ? La paléoanthropologie apporte des pistes de réponse.
C’est Homo erectus qui, le premier, franchit le pas. On retrouve des fossiles humains apparentés à ce genre et datés d’environ 2 millions d’années, en Géorgie, puis des spécimens un peu plus récents, autour de 1,8 million d’années, en Indonésie. Depuis le sud de l’Afrique jusqu’au fin fond de l’Asie, Homo erectus se disperse partout où il le peut. Comme Homo sapiens le fera plus tard, vers 150 000 ans.
L’Afrique n’existe pas pour nos lointains ancêtres
Ils n’ont pas décidé un beau matin de changer de continent comme nous le ferions en prenant un billet pour une destination identifiée : l’extension hors d’Afrique de nos ancêtres s’apparente plutôt à une expansion démographique progressive.
Ainsi, plutôt que de parler de vagues migratoires dûment motivées, les paléoanthropologues évoquent une progression qui n’est pas conscientisée. Les Homo erectus ne savent pas qu’ils sortent d’Afrique — un concept qui leur est par ailleurs étranger. Leurs déplacements s’effectuent sur quelques dizaines de kilomètres de distance à la fois, au fil de centaines de millénaires, et il est probable qu’ils ressemblent plus à des successions d’allers-retours plutôt qu’à un mouvement général et continu à sens unique.
Une espèce tous terrains
Mais qu’est-ce qui pousse les humains à changer d’horizon ? Parmi les hypothèses, les scientifiques évoquent des variations climatiques qui perturberaient leur environnement. Mais, contrairement à notre époque où les dérèglements connaissent une forte accélération, ils ont lieu sur un très long terme et rien ne prouve que nos ancêtres s’en rendent compte. Peut-être étaient-ils motivés par une augmentation de leur population ? Par une envie d’aller voir plus loin ?
Si rien ne nous renseigne sur leurs nécessités, les scientifiques s’entendent sur une chose : Homo erectus est le premier doté de capacités qui facilitent son expansion géographique. Grandes jambes, petits bras, cet Homo d’un nouveau genre possède en effet un corps plus adapté à la marche. Son comportement et un outillage plus diversifié représentent également des avantages sur les humains qui le précèdent.
Alors que ceux-ci sont cantonnés à des écosystèmes bien déterminés — des zones un peu forestières, ni trop humides ni trop sèches —, Homo erectus, lui, fait preuve d’une faculté d’adaptation à des milieux extrêmement variés. Forêt tropicale, forêt européenne, zone ouverte, zone fermée, climat chaud ou plus froid… il peut habiter toutes les niches écologiques qu’il rencontre.
Prudence, science en construction
L’origine africaine des humains et leur première sortie de ce continent, il y a 2 millions d’années, fait consensus parmi les paléoanthropologues. Mais, comme toujours en science et encore plus en préhistoire, ces connaissances ne sont pas figées.
Restes humains, outils de pierre qui témoignent d’activités diverses… les experts s’appuient sur les données les plus solides pour établir leurs hypothèses. Mais, loin d’être des certitudes, celles-ci peuvent être remises en question par la découverte suivante.
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Remerciements
Antoine Balzeau
Paléoanthropologue au Muséum national d’Histoire naturelle (Histoire naturelle de l’Homme préhistorique - UMR 7194)
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