Découverte d’une dent humaine dans la grotte de Coupe-Gorge à Montmaurin
La grotte de Coupe-Gorge n’en finit pas de livrer des vestiges préhistoriques ! Après la découverte d’un humérus en 2022, une équipe scientifique menée par Amélie Vialet, paléoanthropologue au Muséum, trouve un fragment de dent humaine au cours de l’été 2024. On en parle dans cet entretien avec Amélie Vialet.
La grotte de Coupe-Gorge est une grande cavité située dans les gorges de la Seygouade, une rivière proche de la commune de Montmaurin, en Haute-Garonne. C’est aussi un site qui, depuis la Seconde guerre mondiale, continue de livrer des vestiges préhistoriques.
En 2022, une équipe scientifique du Muséum national d’Histoire naturelle avait révélé un ossement humain du Paléolithique supérieur. Il s’agissait d’un humérus enfoui là où se trouvaient essentiellement des restes d’animaux. Cet os, daté entre 60 000 et 30 000 ans, portait des traces de mastication produites par des hyènes – l’espèce s’abritait dans la grotte à cette période.
Après cette trouvaille exceptionnelle, les recherches se sont poursuivies et ont mené, au cours de l’été 2024, à la découverte d’un fragment de dent attribuable à Homo sapiens.
Comment parvient-on à identifier une dent humaine dans une grotte comme celle de Coupe-Gorge ?
Nous avons fouillé à 2 mètres de profondeur depuis l’entrée de la grotte. Le terrain de fouille se borne à environ 3 m². Nous avons récolté les sédiments avant de les tamiser minutieusement.
Les refus de tamis, c’est-à-dire les matériaux qui restent sur le tamis, ont ensuite été triés pour récupérer les restes de petite taille (dents de rongeurs, batraciens, poissons…).
Nous avons organisé des ateliers de science participative avec le Musée d’Aurignac pour trier ces refus, et c’est au cours de l’un de ces ateliers que le fragment de dent a été découvert.
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Y a-t-il eu d’autres restes exhumés dans la grotte de Coupe-Gorge ? Qu’est-ce que ces traces ont-elles pu démontrer ?
La cavité de Coupe-Gorge fait partie d’un ensemble de grottes dont celle dite Boule, la Terrasse et la Niche. Elles ont toutes suscité l’intérêt des préhistoriens, dès le début du XXe siècle.
De 1945 à 1961, le préhistorien Louis Méroc a organisé pas moins de 27 campagnes de fouilles à Coupe-Gorge. Il est descendu jusqu’à 7 mètres de profondeur. La partie inférieure de la grotte remonte à environ 350 000 ans et la partie supérieure, entre 60 000 et 30 000 ans. Les restes fossiles découverts témoignent d’une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires au cours du temps.
Par exemple, un squelette complet de lion des cavernes gisait dans la partie inférieure de la grotte et, dans la partie supérieure, des restes de rennes, renards polaires, marmottes, harfang des neiges etc… ont été retrouvés. Sans parler de l’étude palynologique1 du site qui montre qu’à cette période, l’environnement était proche de celui des steppes froides.
Louis Méroc a aussi retrouvé des fossiles humains. Dans les niveaux inférieurs, datés autour de 300 000 ans, il a découvert des restes attribués à Homo heidelbergensis (deux dents isolées ainsi qu’une face partielle – un maxillaire droit - avec sa canine et ses prémolaires), et dans la partie haute, il a trouvé des restes caractéristiques des Néandertaliens (un fragment de mandibule d’enfant et une dent fracturée).
Y a-t-il eu d’autres découvertes notoires dans les autres grottes de la Seygouade ?
Parmi les découvertes notoires qui ont eu lieu dans ces cavités, on peut citer notamment la mandibule humaine qui a été retrouvée à la Niche en juin 1949. Cette découverte a été une grande première en France et elle a intégré les collections du Musée de l’Homme.
Une mâchoire, elle aussi fameuse, avait été découverte dans une sablière à Mauer, dans la province d’Heidelberg en Allemagne, en 1907, et avait servi à définir l’espèce Homo heidelbergensis. Mais la mandibule de la Niche n’a jamais pu être datée, malgré ses caractères primitifs poches de celle de Mauer. Après cette découverte, le site a été classé monument historique par un arrêté datant de décembre 1949.
Les grottes de la Seygouade sont aussi les proches voisines des cavités de la Save où se trouve, entre autres, la grotte des Rideaux, lieu de découverte de la fameuse vénus de Lespugue.
Quelles sont les prochaines étapes de ce travail de recherche ?
On commence tout juste à analyser le fragment mais, à première vue, on pourrait l’attribuer à Homo sapiens car elle est de petite dimension et sa forme est simple : il n’y a pas de crête accessoire comme chez les Néandertaliens, par exemple. Cette découverte viendrait ainsi renforcer l’idée de la présence des premiers Homo sapiens dans la grotte, mais les recherches continuent.
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La palynologie est une discipline scientifique qui étudie les grains de pollens, les spores actuels ainsi que les palynomorphes c’est-à-dire les cellules et organismes microscopiques qui ont des parois organiques.
Entretien avec
Amélie Vialet
Paléoanthropologue et maître de conférences au Muséum national d'Histoire naturelle (Histoire naturelle de l'Homme préhistorique - UMR 7194)