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Histoire de la recherche et des collections
Site du Muséum national d’Histoire naturelle, le Musée de l’Homme abrite les collections relatives de l’homme et de son évolution en tant qu’espèce, son rapport à l’environnement, son inscription dans la nature et la construction continue des identités culturelles. La recherche est aussi au cœur de son histoire.
Histoire de la recherche au Musée de l’Homme
L’histoire commence au XVIIIe siècle dans les laboratoires du Muséum national d’Histoire naturelle avec les travaux des médecins anatomistes. Mais la science de l’Homme (l’anthropologie) ne se limite pas à l’étude de son anatomie. La chaire d’anthropologie, créée en 1855 au Muséum, ne parviendra plus, dans son acception première, à embrasser la diversité des champs d’études générée par l’abondance des collections, enrichies par les nombreuses fouilles archéologiques, des dons de voyageurs curieux des autres cultures, des collectes des scientifiques sur le terrain. L’accroissement des collections, au XIXe siècle, s’accompagne d’une première transformation de la structure muséale.
Le corpus très abondant d’objets de tous les continents témoignant de la diversité des hommes et des cultures, illustrant l’étendue de l’empire colonial français, est jugé suffisamment instructif pour qu’on lui consacre un musée. Le Musée d’ethnographie est inauguré en 1882 et installé dans le Palais du Trocadéro, construit pour l’exposition universelle de 1878.
Au gré des découvertes, des débats théoriques, le champ d’investigation s’élargit, les disciplines se spécialisent.
En 1911 est fondé l’IPH (Institut de Paléontologie Humaine) premier centre de recherche consacré à la préhistoire. En 1925, trois scientifiques du Muséum, Paul Rivet, Marcel Mauss et Lucien Lévy-Bruhl, fondent l’Institut d’ethnologie de l’Université de Paris.
L’ethnologie, entendue par Paul Rivet, est une science de synthèse se proposant d’étudier l’Homme dans sa totalité. Devenu en 1928 directeur du Musée d’ethnographie, Rivet y fait souffler un vent de réorganisation, instaurant, avec le jeune muséographe Georges-Henri Rivière, une nouvelle muséologie plus scientifique, prélude à la création d’un nouveau musée, le Musée de l’Homme.
La création du musée-laboratoire en 1938 : le concept novateur de Paul Rivet.
Dès son origine le Musée de l’Homme a été conçu comme un musée-laboratoire associant un musée, un grand laboratoire de recherche, une bibliothèque et un centre d’enseignement universitaire. Ce projet innovant s’accompagne alors du regroupement en un même lieu de l’ensemble des collections consacrées à l’Homme : les collections de la galerie d’anthropologie et de préhistoire du Muséum national d’Histoire naturelle rejoignent les collections d’ethnologie de l’ancien Musée d’ethnographie. Les conditions sont ainsi réunies pour appréhender « l’Homme comme un tout indivisible dans l’espace et dans le temps » selon les propres mots de Paul Rivet.
Le nouveau musée s’installe dans une nouvelle structure : à la faveur de l’exposition universelle de 1937 le Palais du Trocadéro est transformé en Palais de Chaillot. Le Musée de l’Homme est inauguré le 20 juin 1938 par le Président de la République Albert Lebrun et le Ministre de l’Éducation nationale Jean Zay.
Une notoriété internationale
Le Musée de l’Homme devient alors pendant plusieurs décennies un haut lieu de la recherche et de la pratique muséale, un centre de référence animé par les plus grandes figures de l’anthropologie, de la préhistoire ou de l’ethnologie : Claude Lévi-Strauss, Marcel Griaule, Paul-Émile Victor, Jacques Soustelle, André Leroi-Gourhan.
Mais la grande synthèse voulue par Paul Rivet se heurte peu à peu à la différenciation des disciplines. En 1962 est créée la chaire de Préhistoire, en 1972 la recherche est éclatée en trois chaires différentes Préhistoire, Anthropologie physique et Ethnologie, correspondant sur le plan muséographique à une répartition en galeries séparées.
Les disciplines se structurent dans ce cadre et la recherche se poursuit. Le concept de musée-laboratoire ne disparaît pas malgré le transfert des collections ethnologiques vers d’autres institutions muséales à partir de 2002, ni avec la fermeture du Musée de l’Homme en 2009, puisque ses chercheurs œuvrent alors sur le site du Jardin des Plantes.
En 2015, Le principe fondateur de musée-laboratoire associant des missions de conservation des collections et de diffusion à des fonctions d’enseignement et de recherche est réaffirmé et nourri du fruit d’une réflexion collective pluridisciplinaire. Dans un site entièrement rénové, la conception d’une nouvelle muséographie s’accompagne de l’élaboration d’un projet scientifique avec de nouvelles dynamiques de recherche. Regroupant sur le site 150 chercheurs de disciplines diverses des sciences humaines (ethnologie, ethnobiologie, anthropobiologie, préhistoire, ethnomusicologie, primatologie), la recherche au Musée de l’Homme appréhende l’Homme dans sa complexité en tant qu’être à la fois biologique, culturel et social, explore son passé et interroge son avenir.
Histoire des collections
Les collections présentes au Musée de l’Homme font partie du grand corpus de collections du Muséum national d’Histoire naturelle (67 millions de spécimens). Ce sont des collections nationales, héritières de plusieurs siècles de collecte sur le terrain, de dépôts et d’acquisitions. Parmi les premières au monde dans leur domaine, elles comptent plusieurs centaines de milliers de spécimens dont des pièces remarquables par leur intérêt scientifique, historique et esthétique, par leur exemplarité ou par leur effet de série.
Historiquement, les collections du Musée de l’Homme comptent trois grands ensembles constitués en lien avec le développement de l’anthropologie biologique, de la préhistoire et de l’ethnologie.
Une histoire mouvementée
En fonction de l’évolution de ces disciplines et des choix politiques et scientifiques, les collections ont connu une histoire complexe marquée par plusieurs recompositions ou réattributions. L’événement majeur fut le transfert, par décision politique, de l’intégralité des collections d’ethnologie non européennes (300 000 pièces environ, accompagnées de leurs archives) au Musée du Quai Branly inauguré en 2006. Les collections d’ethnologie européennes (35 000 pièces) ont pour leur part été affectées au Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille (dans le cadre d’un contrat de dépôt, le Muséum en restant propriétaire). Cette nouvelle situation a été déterminante pour l’avenir du musée. À la faveur de la rénovation du musée, la décision a été prise d’implanter sur ce site les collections ethnobiologiques (exceptées les pièces à caractère botanique qui rejoindront l’Herbier du Muséum) précédemment conservées au Jardin des Plantes.
Un grand corpus recomposé, au service de la recherche et de la diffusion
La préparation du projet muséographique du parcours permanent et l’élaboration du projet scientifique ont été l’occasion de poursuivre un chantier des collections existantes (restauration, conditionnement, prises de vue, identification) et de constituer progressivement une nouvelle collection d’anthropologie culturelle. Entreposées au Jardin des Plantes en 2009 pour la durée du chantier, les collections sont installées dans les réserves du nouveau musée ; 2 000 objets et spécimens seront exposés dans le parcours permanent –, des pièces originales, restant accessibles aux chercheurs.
Ainsi, dans une perspective transversale et pluridisciplinaire de la recherche, c’est cet ensemble d’anthropologie biologique et culturelle qui est mis à disposition de la communauté scientifique et permet de continuer d’écrire l’aventure humaine en faisant appel aux nouvelles techniques d’investigation.
Les collections en chiffres :
- 700 000 objets de Préhistoire ;
- 30 000 éléments d’anthropologie biologique ;
- 6 000 objets d’anthropologie culturelle.
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