Homme de Flores
Homo floresiensis
Datés de 100 000 à 50 000 ans, les restes fossiles d’Homo floresiensis ont été retrouvés sur l’île de Flores, en Indonésie. La publication de cette nouvelle espèce a été considérée comme l’une des découvertes majeures de ces 30 dernières années.
Un portrait d’Homo floresiensis
Ce n’est pas un mais au moins sept individus différents qui ont été mis au jour en 2003, dans la grotte de Liang Bua située sur l’île de Flores, en Indonésie. Parmi les restes fossiles se trouvait un squelette presque complet, nom de code « LB1 », surnommé « le Hobbit ».
Et pour cause, Homo floresiensis est une espèce de très petite taille : cet individu ne dépasse pas 1,10 m et son poids est estimé entre 16 et 28 kg. Bipède aux jambes courtes, il possède néanmoins des pieds presque aussi longs que ses tibias !
En observant son crâne, on s’aperçoit que sa face est réduite en hauteur et verticale sous la boite crânienne. Au niveau de la mandibule inférieure, il n’y a pas de menton. Enfin, le volume de son cerveau atteint 380 à 400 cm³, ce qui est petit et comparable aux tous premiers représentants du genre Homo en Afrique, il y a plus de 2 millions d’années.
Les caractéristiques anatomiques du « Hobbit » indique qu’il s’agit bien d’un représentant du genre Homo, ou plutôt d’une représentante, le bassin a en effet permis de déterminer que l’individu en question était une femme.
La morphologie si particulière d’Homo floresiensis est la conséquence de son insularité : du fait de son isolement, l’île de Flores n’abrite pas de super-prédateurs, si bien que les très grandes espèces n’ont plus besoin d’être de grande taille (exemple des éléphants nains) et les très petites espèces d’être petites (tels le dragon de Komodo qui est un lézard géant ou encore les tortues également géantes…).
Cependant, quelle espèce est arrivée sur l’île de Flores pour réduire en taille et donner naissance à Homo floresiensis ?
La femme de Flores au centre d’une controverse scientifique
Les débats se sont articulés autour de trois hypothèses :
- Pour certains, Homo floresiensis ne serait pas une nouvelle espèce mais un Homo sapiens atteint d’une pathologie ;
- D’autres affirment qu’Homo floresiensis descendrait d’un hominidé plus ancien du genre Australopithecus ;
- Enfin, certains postulent qu’il serait le descendant d’Homo erectus car cette espèce a vécu sur l’île de Java, non loin de Flores.
La thèse de la maladie a été réfutée à plusieurs reprises notamment dans une étude en neuropaléontologie – malgré son petit cerveau, la femme de Flores a fabriqué des outils.
L’arrivée d’australopithèques en Indonésie ne fait par ailleurs pas sens avec les autres données paléoanthropologiques relatives à la première sortie d’Afrique.
L’hypothèse la plus probable reste donc une évolution locale sur l’île de Java d’une population d’Homo erectus arrivée là par accident ou intentionnellement. Homo erectus était présent dans la région depuis au moins 1,5 millions d’années et on a retrouvé des outils en pierre taillée datés de 1 million à 800 000 ans, preuve de l’arrivée très ancienne dans l’île de Flores d’Homininés ayant évolués sur place.
Remerciements à Thomas Ingicco, paléoanthropologue au Musée de l'Homme - Muséum national d'Histoire naturelle (UMR 7194 Histoire naturelle de l'Homme préhistorique) et Sandrine Prat, paléoanthropologue au Musée de l'Homme - Muséum national d'Histoire naturelle (UMR 7194 Histoire naturelle de l'Homme préhistorique), pour leur relecture.