Le projet de rénovation

Le projet de rénovation du Musée de l'Homme avait pour objectif de créer un musée porteur de la compréhension de l’évolution de l’Homme et des sociétés, en croisant les approches biologiques, sociales et culturelles.

Le projet architectural

Le projet : réorganiser tout l’espace pour les besoins d’un musée-laboratoire

Lauréate du concours (nov. 2006) l’Agence Brochet-Lajus-Pueyo associée à l’Atelier d’Architecture Emmanuel Nebout fut en charge du projet architectural consistant d’une part à rénover la totalité des installations, des équipements techniques et de sécurité et d’autre part, à réaménager l’espace pour accueillir : un musée et ses espaces d’exposition, des collections (plus de 700 000 objets), un Centre de recherche et d’enseignement avec des bureaux, des plateaux techniques, une bibliothèque et des salles de cours pour les étudiants. La maîtrise d’ouvrage a été déléguée à l’OPPIC (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture).

Un chantier de 6 ans, avec ses contraintes et ses imprévus

Les architectes ont travaillé à l’intérieur des structures existantes, dans un site occupé au rez-de-chaussée par le Musée de la Marine, ce qui a induit des horaires contraignants (6 h à 11 h du matin) pour les travaux bruyants.
La durée du chantier s’explique par ailleurs par des aléas structurels. Les opérations de curage et de désamiantage, effectuées en 2010, ont mis en évidence un déficit de portance des planchers et des poteaux, dû à une grande hétérogénéité des bétons utilisés pour la construction du Palais de Chaillot en 1937, dans un contexte où le chantier fut interrompu à de nombreuses reprises et où des entreprises différentes sont intervenues. Aux regards des normes de sécurité en vigueur et du surpoids lié à la conception de nouveaux espaces, les structures verticales et les planchers de tout le corps central ont dû être consolidés, voire remplacés. Cet imprévu a eu un impact financier et programmatique. Le calendrier des travaux a été recalé et le projet architectural partiellement modifié avec notamment le transfert de la majeure partie des réserves des collections du 3e niveau au rez-de-jardin et le transfert des salles d’enseignement du rez-de-jardin à l’entresol du premier étage du pavillon de tête.

Restitution Trocadéro, 1878

© Aristeas Hubert Naudeix

Restitution Chaillot, 1937

© Aristeas Hubert Naudeix

Une intervention forte mais réversible

Les espaces ont été redessinés et agencés de façon à s’inscrire dans le cadre des volumes conçus par Jacques Carlu. Plusieurs espaces ont été ajoutés : des entresols ont permis de gagner de nouvelles surfaces (bureaux des équipes de recherche, salles d’enseignement, salle d’exposition temporaire) et une mezzanine, située entre les deux niveaux de la Galerie de l’Homme, vient rompre la linéarité des deux nefs, en épouse les courbes et offre un espace d’exposition plus intime.

La mise en lumière naturelle

Les architectes ont ouvert le musée sur son environnement, ils ont fait entrer la lumière en valorisant les ouvertures existantes et en créant un nouveau puits de lumière dans le pavillon de tête par la suppression du plancher du salon de musique qui occultait, depuis le premier niveau, la verrière héritée du palais de Davioud. La Galerie de l’Homme bénéficie de l’éclairage naturel dispensé par les grandes baies vitrées qui ponctuent les parois des deux grandes nefs courbes de l’aile Passy. Des filtres textiles en toile blanche, montés sur double rail en plafond, permettent, sans masquer la vue, et tout en favorisant la concentration du visiteur, de protéger les collections exposées. Ils forment ainsi une paroi transparente, dématérialisée et modulable. Dans les espaces réservés aux expositions temporaires, des cimaises coulissantes permettent d’occulter les fenêtres et de faire le noir pour augmenter la surface d’accrochage.

Les hautes fenêtres, situées à l’arrière du pavillon de tête, offrent au Café de l’Homme (rez-de-chaussée) et au Café Lucy situé au niveau 2, une vue panoramique sur la tour Eiffel et le Champs de Mars.

« Nous avons mené de petites incisions dans ce bâtiment pour lui donner une clarté nouvelle, nous avons cherché un moyen de préserver les vues tout en veillant à la conservation des objets. »

Olivier Brochet

La création d’un cœur actif et attractif : l’Atrium

Ce nouvel espace, dans le pavillon de tête, est emblématique de la transformation architecturale et stratégique en termes de distribution de l’espace et de circulation du public. Situé au-dessus du hall d’accueil, haut de 16 mètres, sur deux niveaux, il constitue le cœur du musée et dessert les galeries d’exposition temporaires, le Café Lucy avec vue sur la Seine et les différents espaces de médiation (Balcon des sciences, Auditorium Jean Rouch, Centre de ressources Germaine Tillion). L’accès à l’Atrium, depuis le hall, s’effectue par des ascenseurs et par le double escalier hérité de Carlu.

Des parcours fluides entre les différents espaces publics

L’Atrium est le carrefour stratégique à partir duquel s’offrent les différents espaces publics. Tous les circuits ont été remaniés, supprimant tout effet d’impasse ou de cul-de-sac. La Galerie de l’Homme se déploie selon un parcours en continu, sur les deux grandes nefs superposées de l’aile Passy.

Espace salon du Musée de l'Homme

© MNHN - J.-C. Domenech

Le projet muséographique

Comment raconter l’aventure humaine et la rendre accessible à tous ? L’infinie richesse du sujet a conduit à l’élaboration d’un parcours en trois temps : Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Si, à première vue, tout le monde sait ce que c’est qu’être humain, qui saurait définir précisément qui nous sommes ? Le parcours muséographique commence par explorer la nature humaine, à partir de différents aspects, en croisant les approches des sciences de la vie et des sciences humaines : le corps, la pensée, le langage, la vie en société. Mais jusqu’où faut-il remonter pour trouver le premier humain ?

La deuxième partie du parcours aborde le temps très long de notre histoire évolutive. Partir en quête de l’origine de notre espèce, Homo sapiens, est une autre façon de comprendre ce que nous sommes aujourd’hui et comment nous le sommes devenu.

La dernière partie du parcours est ancrée dans le contemporain. Elle fait le constat des impacts écologiques des activités humaines, des effets socio-culturels de la mondialisation, des marges d’adaptation de l’espèce humaine aux environnements qu’elle a elle-même contribué à créer. C’est une prise de position, en lien avec les engagements du Muséum national d’Histoire naturelle pour la préservation de la biodiversité, pour sensibiliser les publics aux enjeux de sauvegarde de la planète.

Des messages essentiels

La conception de la Galerie de l’Homme est le résultat d’une réflexion collective, pluridisciplinaire, nourrie des expertises des scientifiques du Muséum et des apports de personnalités extérieures qualifiées en sciences humaines et biologiques. De cette réflexion ont émergé des messages, confortés en l’état actuel des connaissances : l’appartenance de tous à la même humanité ; quelles que soient nos différences, notre origine africaine, notre lien permanent avec un milieu auquel nous nous sommes constamment adaptés, tout en le modifiant de manière croissante après avoir occupé la quasi-totalité des zones écologiques de la planète. Ces messages sont portés par des objets et par des outils de médiation offrant une grande diversité d’approches. Le parcours sera scandé par des modules récurrents. Les modules « Histoire des sciences et des idées » illustrent et retracent l’évolution de la connaissance, les modules « Science en marche » proposent des focus sur l’état actuel de la recherche, sur les nouvelles techniques d’analyse.

Des expériences multiples et accessibles à tous

Contempler, toucher, écouter, lire, sentir, jouer, participer… tous les sens sont mobilisés par la diversité des modes de présentation et des supports de médiation. Les espaces et les contenus de la Galerie de l’Homme sont conçus pour être accessibles à tous, ensemble, et répondre à la diversité des attentes et des modes d’appropriation de chacun : publics néophytes, familles, scolaires, curieux et amateurs éclairés et personnes en situation de handicap.

Une immersion dans notre histoire évolutive

L’agence Zen+dCo de Zette Cazalas a conçu la scénographie de la Galerie de l’Homme comme une immersion, fluide et buissonnante de propositions. L’agencement prend en compte les données topographiques des deux grandes nefs, leur linéarité, leur ouverture en façade en Seine et la douceur de leurs courbes. Le parcours n’est pas unidirectionnel, il met en jeu le corps du visiteur, le guide par des repères positionnés en façade sur Seine, l’éloigne de la lumière diffusée par les grandes baies pour le mener vers des espaces intérieurs plus intimes où sont présentés les objets originaux fragiles (vitrines alcôves, espaces semi-fermés), l’arrête devant de spectaculaires vitrines murales et lui offre, à intervalles réguliers, des pauses d’interprétation des objets, des moments ludiques autour de tables de jeu, des expériences tactiles et sonores.

Une galerie du futur

Tout le potentiel des outils numériques est au service du visiteur pour qu’il participe, qu’il sélectionne sa façon d’apprendre. Chaque typologie de vitrine est un prototype, fait sur-mesure et intégrant une technologie discrète : climatisation adaptée aux types d’objets présentés, traitement des verres pour une meilleure visibilité et une totale protection des œuvres, vitrine augmentée permettant d’interroger un objet en le désignant du doigt pour obtenir une réponse sur écran.

Des « cabinets de curiosité » réinventés

Spectaculaires par leur taille (3 à 4 m de haut sur 9 m de long, 12 m pour la plus grande - 1,50 m de profondeur) et par le nombre d’objets présentés (jusqu’à une centaine), les vitrines murales s’offrent à la contemplation comme des tableaux, esthétiquement séduisants et foisonnants d’informations. Elles sont positionnées le long du mur aveugle pour des raisons techniques (climatisation). Leurs dimensions permettent de créer des perspectives, de composer des mises en scènes sur plusieurs niveaux. Chaque objet y tient son rôle, parle de façon indépendante tout en s’intégrant dans un réseau de connexions et de mises en relation au service d’un propos, d’une thématique.

Des objets de médiation originaux

Chacune des sections du parcours est ponctuée par un ou plusieurs dispositifs offrant des expériences décalées :

  • la langue en résine de 3,50 m de haut, très réaliste avec ses glandes salivaires, où l’on entre pour entendre les chants du monde entier ;
  • la structure monumentale des bustes anthropologiques qui, telle une immense portée de musique, culmine à 11 m de haut ;
  • le cercle des 7 terres, rond comme le monde, qui raconte la néolithisation sur des panneaux de feutres ;
  • le grand cyclo de 9 mètres de diamètre, véritable centre de réflexion sur notre impact sur l’environnement ;
  • le jardin des mutations qui met en scène le processus d’évolution de l’Homme actuel.

Ces structures constituent des entités à part entière mais se fondent dans le parcours par le choix des couleurs, des matériaux, des formes.

Musée de l'Homme - Atrium Paul Rivet

© MNHN - J.-C. Domenech

Le parcours sensoriel

Considérant l’accessibilité comme une valeur ajoutée, les dispositifs du parcours sensoriel ont été conçus pour répondre à des objectifs très larges. Ils font partie de la muséographie et s’adressent aux publics français et étrangers, aux déficients visuels, aux familles et aux publics ayant des difficultés avec la lecture. Le parcours sensoriel comporte une maquette de localisation avec fort contraste et une vingtaine de supports originaux répartis sur l’ensemble de la galerie, composés d’objets à toucher, de commentaire sonore et plateaux tactiles.

Tant par leur qualité esthétique que par les matériaux utilisés, les objets à toucher sont des œuvres à part entière. Reproductions d’objets de collections (bustes, crânes fossiles), artefacts ou encore sculptures permettent d’appréhender les messages essentiels de chacune des sous-parties de la Galerie de l’Homme par le toucher et par l’écoute. Posés sur des socles, ils sont associés à des dispositifs sonores à déclenchement manuel et à des informations en texte et en braille.

Une grande diversité de supports

1 800 objets sont issus des collections historiques du Musée de l’Homme et des collections d’étude des chercheurs, auxquels s’ajoutent des acquisitions, des dépôts et des commandes d’œuvres à des artistes contemporains. Porteurs de messages et d’émotion, les spécimens les plus remarquables sont valorisés dans des réceptacles offrant au visiteur une grande proximité.

80 écrans, 14 pupitres avec cartels numériques, 60 dispositifs différents… (tables de jeux, dispositifs qui engagent le corps du visiteur, ateliers interactifs pour se mettre dans la peau d’un scientifique, installations audiovisuelles multi-écrans, dispositifs sonores, films documentaires), tous les supports muséographiques sont conçus sur mesure, scénarisés et porteurs d’un contenu original, issu des travaux des chercheurs.

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