Paul Rivet (1876-1958)

Fondateur du Musée de l’Homme en 1938, Paul Rivet est anthropologue. Les menaces d’une arrestation ciblée d’opposants au régime le contraignent à s’exiler en février 1941.

Paul Rivet, anthropologue et fondateur du Musée de l’Homme en 1938, est une personnalité engagée bien avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Pour lui, c’est le rôle du scientifique d’alerter des dangers qui menacent la société et d’éveiller les consciences. En 1933, Rivet se rend à Berlin et découvre la montée du nazisme et de l’antisémitisme. Dès lors, il accueille au Musée d’Ethnographie du Trocadéro juifs allemands exilés et russes émigrés, dont certains deviendront membres de l’équipe de recherche du Musée d’Ethnographie du Trocadéro, puis du Musée de l’Homme. Parmi ces membres, Boris Vildé et Anatole Lewitsky seront les chefs de file de la résistance au Musée de l’Homme.

Paul Rivet apprend le début de la guerre alors qu’il est en mission de terrain en Amérique du Sud. De retour en octobre 1939, il poursuit sa mission de direction du Musée de l’Homme, entouré d’une équipe réduite du fait de la mobilisation masculine au front. Le matin du 14 juin 1940, avant même le discours du Maréchal Pétain prônant l’armistice et la reddition à l’ennemi, Rivet ouvre les portes du Musée de l’Homme, puis y placarde une traduction française du poème If/Tu seras un homme, mon fils de l’écrivain britannique Rudyard Kipling. Le poème appelle à garder la tête haute et se battre.

Son engagement politique foncièrement anti-pétainiste met Paul Rivet en danger. Aux côtés de ceux de Marcel Mauss, Henri Bergson ou Jules Romains, son nom est inscrit sur liste de personnalités scientifiques et influentes à évacuer, établie le 21 juin par la Fondation Rockefeller. Il ne souhaite toutefois pas quitter la France. Puis les choses s’accélèrent.

Le 14 juillet 1940, Rivet adresse au Maréchal Pétain la première des quatre lettres ouvertes qu’il lui adressera, dans laquelle il critique le régime de Vichy avec virulence : « Monsieur le Maréchal, le pays n’est pas avec vous, la France n’est plus avec vous ». Le 19 novembre, il est relevé de ses fonctions par le ministre de l’Instruction publique, Georges Ripert. Les menaces d’une arrestation ciblée d’opposants au régime le contraignent à s’exiler en février 1941. Il rejoint la Colombie où il reste en contact avec la France libre et incarnera la résistance intellectuelle au nazisme.

Par sa fonction de directeur du Musée de l’Homme, Paul Rivet a offert un soutien moral infaillible aux membres de son équipe engagés dans des activités de résistance depuis l’été 1940 et fondateurs d’un des premiers mouvements de résistance française : le « réseau du Musée de l’Homme ».

Paul Rivet en Colombie

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