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Définition
Qu’est-ce que la préhistoire ?
En général, la Préhistoire est définie comme la période comprise entre l'apparition du genre humain et celle de l'écriture. C'est aussi une science récente qui évolue au gré des découvertes. Lui attribuer des limites chronologiques fixes n’est donc pas si aisé.
Par définition, la Préhistoire est la période qui précède l’histoire. Un fait qui pose question : comment s’est déroulé le passage d’une période à l’autre ? Pouvons-nous dater ce moment ? Commençons par le commencement.
Au début était la Préhistoire
Parmi les nombreuses idées reçues qui circulent autour de la Préhistoire, il y en a une, tenace, qui associe cette période à celle des dinosaures. Pourtant, ces derniers ne sont pas des animaux préhistoriques ! Et pour cause : ils sont antérieurs à l’apparition des humains sur Terre.
Les scientifiques s’accordent effectivement pour exclure ces animaux du champ de leur discipline. La Préhistoire serait ainsi corrélée au passé humain.
Les premiers hominines ont fait leur apparition entre 7 et 4 millions d’années. La Préhistoire débuterait donc à cette période. Elle incluerait aussi bien les Australopithèques, comme Lucy, et les Paranthropes que les premiers représentants du genre Homo.
Mais ces dates ne sont pas gravées dans le marbre. Elles peuvent toujours reculer en fonction des découvertes.
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La fin qui fait débat
Pour mieux saisir la définition de la Préhistoire, il faut aussi s’attarder sur celle de l’histoire. Or, l’histoire des sociétés passées ne peut se faire qu’à partir de traces écrites. C’est pourquoi il est communément admis que la Préhistoire se termine avec l’invention de l’écriture.
Mais c’est là que le bât blesse pour les préhistoriennes et les préhistoriens, car l’écriture n’est pas apparue partout au même moment. Si elle émerge à partir de 3 500 ans avant notre ère en Égypte et en Mésopotamie, ce n’est pas le cas en Chine, en Italie ou en Grèce, par exemple. En outre, certaines sociétés, influencées par les Occidentaux, ne l’ont adopté que très récemment.
Le développement de l’écriture dans une société est progressif et concerne surtout les sociétés organisées en villes et en États. Un mode d’organisation qui ne concernait qu’un tiers de l’humanité il y a encore quatre siècles ! Le seul critère de l’écriture apparait ainsi biaisé.
D’autres changements sociaux sont proposés, notamment les débuts de la domestication et la sédentarité majoritaire des groupes. Cependant, là aussi, ces critères n’apparaissent ni de manière uniforme dans le temps, ni de façon concordante pour tous les groupes humains, rendant la frontière entre Préhistoire et histoire plus floue.
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Les grandes périodes de la Préhistoire
Le découpage de la Préhistoire a été initié dans les années 1830 par Christian Jürgensen Thomsen, archéologue et directeur du musée de Copenhague. En triant les objets qu’il collecte en fonction de leur matière, il fait émerger le “système des trois âges” : l’âge de la Pierre, l’âge du Bronze et l’âge du Fer.
En 1865, le préhistorien et naturaliste anglais John Lubbock propose de partager l’âge de la Pierre en deux époques : le Paléolithique (ou « l’âge de la pierre ancienne ») et le Néolithique (« l’âge de la pierre nouvelle »). En 1909, Jacques de Morgan, préhistorien et archéologue, suggère d’y ajouter une période intermédiaire, le Mésolithique. Il faut cependant garder à l’esprit le caractère fragile et fluctuant de ces périodisations. Le Néolithique, par exemple, commence au Proche-Orient il y a plus de 10 000 ans, mais seulement près de 4 000 ans plus tard en Europe de l’Ouest !
L’âge de la Pierre
L’âge de la Pierre est divisé de la manière suivante :
• Le Paléolithique, lui-même subdivisé en plusieurs grandes périodes : le Paléolithique archaïque qui s’étend de -3,3 millions à -1 million d’années et voit certains humains (Homo erectus) commencer à sortir d’Afrique ; cette période est suivie, en Europe, par le Paléolithique inférieur (ou ancien), moyen et supérieur (ou récent), qui va de -1 million à environ -12 000 ans ;
• Le Mésolithique, période comprise entre -12 000 et - 6 000 ans ;
• Le Néolithique, compris entre - 6 000 et - 2 200 ans, voit naître l’invention de l’écriture, et surtout les processus de domestication et une sédentarité structurée et débouche, en Europe occidentale, sur l’histoire.
Cet âge est précédé d’une autre grande période, celle des hominines archaïques, comprise entre -7 millions et -3,3 millions d’années.
Une science en construction
La préhistoire n’est pas qu’un marqueur chronologique. C’est aussi une science relativement jeune : elle ne voit le jour véritablement qu’à la fin du XIXe siècle. Depuis, elle évolue en fonction des découvertes.
Ces dernières reposent essentiellement sur l’analyse de sources matérielles ou de traces graphiques : des fragments d’objets, des objets finis, des peintures rupestres et pariétales, des gravures... Mais les traces laissées par nos ancêtres sont lacunaires, alors comment faire parler ces indices ?
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Pour cela, la préhistoire s’appuie sur plusieurs disciplines : géologie, anthropologie, éthologie, archéologie, physique, chimie… Selon la spécialité ou le point de vue du scientifique, un vestige n’est pas perçu de la même manière : un objet peut ainsi être considéré dans sa dimension artistique, fonctionnelle ou bien être vu comme un indicateur de relations économiques et sociales entre deux cultures… et parfois tout cela à la fois !
Cela dit, gare aux conclusions hâtives ! Les préhistoriens et préhistoriennes analysent et interprètent les traces dont ils disposent mais ils ne peuvent pas avancer des hypothèses sans faire preuve de prudence. L’interprétation des vestiges peut, par ailleurs, être biaisée par le contexte dans lequel il est étudié, elle n’est pas figée dans le temps. Sans compter que de nouvelles découvertes sont susceptibles d’amener des informations inédites capables de remettre en cause les connaissances antérieures. La préhistoire livre donc un récit mouvant sur le passé.
Que reste-t-il encore à découvrir ? L’étendue des connaissances sur les sociétés anciennes étant plus ou moins importante selon les régions du monde, leur compréhension est un véritable enjeu pour la recherche en préhistoire.
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Sources
- Sophie Archambault de Beaune, Qu’est-ce que la Préhistoire ?, Paris, Gallimard, 2016
- Bertrand Roussel, Les idées reçues de la Préhistoire, Quelques préjugés sur la plus longue histoire de l’Humanité…, Paris, Book-e-book.com, 2014
- Jean-Paul Demoule, La Préhistoire en 100 questions, Paris, Tallandier, 2021
Article rédigé en mars 2023. Remerciements à Patrick Paillet, préhistorien et maître de conférences (UMR HNHP - NOMADE du Muséum national d'Histoire naturelle) et Eric Robert, préhistorien et maître de conférences (UMR HNHP - NOMADE du Muséum national d'Histoire naturelle), pour leur relecture.
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